Pour cette seconde chronique, je vous propose de découvrir le magnifique roman d’Ava Dellaira : Love letters to the Dead. Au-delà de sa couverture des plus sublimes, Love letters to the dead est un véritable chef-d’œuvre poétique écrit sous la forme de lettres adressées en majorité à des artistes décédés. Un style épistolaire des plus original donc, mais se rapprochant également d’un journal intime poétique et émouvant, retraçant l’histoire d’une jeune adolescente qui découvre l’univers du lycée tout en essayant de se remettre de la disparition de sa sœur, son pilier, son point de repère, son univers même.
Résumé : |
Une simple rédaction demandée par un prof : écrire à un disparu. Laurel a choisi Kurt Cobain, parce que sa grande sœur May l'adorait. Et qu'il est mort jeune, comme May. Si elle ne rend jamais son devoir, très vite, le carnet de Laurel se remplit de lettres à Amy Winehouse, Heath Ledger... À ces confidents inattendus, elle raconte sa première année de lycée, sa famille décomposée, ses nouveaux amis, son premier amour. Mais avant d'écrire à la seule disparue qui lui tient vraiment à cœur, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente, et faire face à ce qui s'est vraiment passé la nuit où May est décédée. |
Love letters to the dead, Ava Dellaira, Edition Michel Lafon, 2014 |
Un roman à vivre dans sa totalité
Lorsque j’ai commencé la lecture de ce roman, cela m’a sauté aux yeux comme une évidence : pour ressentir cette œuvre et les émotions de Laurel dans leur totalité, il fallait que j’écoute toutes les musiques dont elle parlait, voir les films dont elle se souvenait, j’avais presque envie de pouvoir sentir l’odeur de l’herbe près du grillage devant lequel elle s’asseyait. Évidemment, je n’ai pas pu faire tout cela, mais j’ai commencé à écouter quelques musiques, j’ai même trouvé sur Youtube une playlist créée par une lectrice recensant toutes les musiques que l’on retrouve dans le roman et je vous conseille vivement d’y jeter un œil, ou plutôt d’y prêter une oreille, voire les deux.
L'éternel difficulté du début de roman
Alors oui, je ne vais pas vous mentir, là encore, j’ai eu du mal au début de ma lecture (vous allez dire que je vais vous faire le coup à chaque fois). Cela s’explique par le fait que j’avais beaucoup de mal avec le caractère de l’héroïne qui me semblait juste être un stéréotype de l’adolescente prête à tout pour faire partie d’un groupe et être acceptée. Car oui, ce roman parle aussi de cela, de la difficulté d’être ado, d’arriver dans un bahut où l’on ne connait personne, où l’on a envie de garder les quelques amis que l’on se fait parce qu’on a eu du mal à se trouver une place et qu’on a envie d’y rester, où l’on a envie de prendre un nouveau départ et de laisser tout ce qui nous a blessé derrière nous. Ce roman parle de ce moment où l’on se cherche, où l’on a peur de s’accepter tel que l’on est parce que l’on pense que ça n’intéresserait personne ou peut-être pire, que l’on pourrait être pointé du doigt, devenir la risée de tous. À cet âge – quoi qu’à n’importe quel âge d’ailleurs – il n’y a rien de plus important pour certaines personnes que le regard des autres, de paraitre « cool ». Alors voilà, j’ai eu du mal avec ça, parce que même si je comprends, j’ai toujours détesté ce genre de personne lorsque j’étais moi-même adolescente. Mais ce roman m’a rappelé une chose – et c’est peut-être justement là qu’il a joué son plus grand rôle – il m’a rappelé que nous avons tous notre propre histoire, notre propre fardeau, nos secrets. Derrière une personne qui rit trop fort peut se cacher une personne brisée. Ce roman est un cri à la vie. À travers ces lettres où Laurel nous raconte son quotidien, ou plutôt, où elle le raconte à ces artistes décédés, elle se cherche et on comprend petit à petit qu’elle fuit également, jusqu’au moment où elle fera face et où elle se trouvera enfin.
“Et peut-être que grandir, c’est comprendre qu’on peut être autre chose qu’un personnage qui va là où l’histoire le pousse. C’est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l’auteur."
- Laurel
Lorsque j’ai terminé la lecture de ce roman, j’étais comme complètement vidée. La deuxième partie de l’œuvre a été comme un feu d’artifices d’émotions où tout n’a fait qu’aller crescendo, un tourbillon de révélations qui balayait tout sur son passage. Toutes les émotions qui se sont enchainées lorsque tous les secrets ont éclaté au grand jour, où l’on apprend ce qu’il s’est passé cette nuit-là, et toutes les nuits qui ont précédés, lorsque l’on apprend pourquoi ses amis sont tels qu’ils sont, que chaque personnage cache en lui un fardeau qu’un adulte lui-même ne pourrait peut-être pas supporter, alors là on comprend. On comprend que ce n’est pas qu’un livre pour ado qui parle des ados, on comprend que c’est un roman qui parle de la vie et de ce qu'elle a parfois de plus difficile. À travers l’histoire de ces artistes dont elle nous parle, elle nous rappelle que les adultes ont eux aussi été des enfants, et par ses lettres qu’elles adressent à des adultes en leur parlant de leur enfance, elle rappelle « ne jugez pas, vous aussi avez été à ma place, et regardez… ».
L’auteure, dont ce roman est le tout premier, a su par sa plume poétique créer un roman et un univers hors du commun. Elle traite de sujets plus difficiles les uns que les autres : la perte, l’abandon, la violence... - et d’autres sujets que je ne citerai pas pour ne pas vous spoiler-, mais aussi d’amitié, d’amour. Tout cela avec une beauté que je n’arrive pas à décrire. Il faut le lire pour comprendre, et je vous invite vivement à le faire. Pour ceux et celles qui l’ont déjà lu, n’hésitez pas à me faire part de votre avis en commentaire, sans spoiler si possible lol
Je vous souhaite une bonne lecture, et vous dis à bientôt pour un nouvel avis livresque.
Kiss,
- Ali.
PS : La playlist du livre sur youtube > ici <
Ma note : 9/10
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